L’entreprise de négoce Ternoveo suit avec attention les vendanges de dix-huit premiers hectares de vignes plantées dans la région avec l’objectif d’en fabriquer du vin et de commercialiser 40 000 bouteilles en 2023.
Depuis le 22 septembre et jusqu’aux premiers jours d’octobre, c’est (également) l’effervescence dans le vignoble des Hauts-de-France dont la plantation a été accompagnée par l’entreprise de négoce Ternoveo. Agriculteur à Quiéry-La-Motte (62), Laurent Sellié fait partie des onze «pionniers» qui se sont engagés en 2020 dans la construction d’une filière viticole avec Ternoveo, l’entreprise régionale de négoce adossée au groupe coopératif Advitam. Pour sa première récolte, qui a duré deux jours, Laurent Sellié s’est dit «très satisfait» : «Après avoir arrêté un atelier d’engraissement de taurillons, je cherchais une diversification», expliquait mardi matin le néo-viticulteur. La vigne, «c’est quelque chose qui (l)’intéresse depuis longtemps», au point d’y avoir consacré 3,80 ha, soit environ 19 000 pieds.
S’agissant d’une culture pérenne – au moins trente ans –, l’exploitant a dû prendre à sa charge la préparation du terrain, l’achat des plants (Chardonnay), leur implantation réalisée par un pépiniériste, le palissage, et s’occupe désormais de l’entretien et, bien entendu, de la récolte ; laquelle s’effectue à la main. Ternoveo s’occupe pour sa part de la formation de «ses» agriculteurs-viticulteurs, du suivi technique et de la transformation et valorisation. En termes de chiffre d’affaires, on l’estime à 9 600 € par hectare pour le viticulteur. Au sein de l’entreprise de négoce, les techniciens volontaires ont été formés à la viticulture, tandis que deux œnologues ont été recrutés.
Un objectif de 200 ha à cinq ans
Pour Ternoveo, l’objectif est d’exploiter quelque 200 ha d’ici 2025, avec un développement par paliers. 130 agriculteurs pourraient faire partie de l’aventure. Pour l’heure, ils sont 50, exploitant 80 ha, répartis de manière équitable entre les départements du Pas-de-Calais, du Nord, de l’Aisne et de la Somme. «On aurait pu planter 200 ha dès la première année, mais le but est d’y aller progressivement puisqu’on ambitionne de créer une filière», explique Xavier Harlé, directeur général de Ternoveo.
L’investissement – il faut compter 25 000 € par hectare et être propriétaire de la parcelle – ne semble pas rebuter les candidats : «Oui, il a fallu dire non à certains agriculteurs», souligne Armel Lesaffre, le président du groupe Advitam. Car le choix de la parcelle est lui aussi capital : «On ne plante pas de la vigne dans n’importe quelle terre, poursuit M. Harlé. On sélectionne les parcelles en fonction de la nature du sol, du sous-sol, de l’exposition et de la localisation.» Les sols sont ainsi plutôt calcaires, caillouteux et pas trop riches.
Dégustation en juin
En ce qui concerne la récolte 2022, elle s’annonce «prometteuse», selon le directeur de Ternoveo. Les vignes de Hauts-de-France semblent en effet avoir plutôt bien supporté la sécheresse estivale. Quant aux maladies, elles ont également épargné le vignoble des Hauts-de-France : «Étant donné que c’est une terre encore vierge de vignes, nous n’avons pas eu de pression maladies particulière, mais on s’attend à ce que cela arrive…»
Une fois récoltées, les grappes de raisin prennent la direction du chai de Ternoveo, à Dompierre-Becquincourt (80). Le pressoir qu’il abrite a été dimensionné pour valoriser la production «des deux-trois premières années», estime Xavier Harlé. Et pourrait donc s’agrandir dans les années à venir. La prochaine étape pour Ternoveo est l’inauguration de son chai et la présentation au grand public du nom de ses vins. Quant à la dégustation, elle pourrait avoir lieu à partir de juin 2023, suivie de la commercialisation dans les magasins détenus par le groupe Advitam (Prise direct, Gamm vert) et chez les cavistes.